Et Jok devient une ado pas plus perturbée que ça...
« Tu crois vraiment que c’est jouable, me faire tant d’amis sur une île déserte ? »
20 amis ? Bien sûr que c’est jouable. Tu bénéficies d’une couverture réseau illimitée avec ton gsm, et t’as déjà croisé plus de quinze personnes au gré de tes joggings du matin. Je serais à ta place, c’est pas pour ça que je m’inquièterais le plus. J’aurais tendance à plutôt faire gaffe aux gamins, moi.
« Les mômes ? Ma pauvre Hanyo, tu vois le mal partout. Ils sont un peu bizarres, voilà tout. »
Oui, c’est sûr, quand on te voit, on relativise vachement les comportements des enfants, d’un coup.
D’autant que Jok a des souhaits simples, finalement. Pas de messes noires, pas de meurtres, ni d’envies de réduire le monde à feu et à sang. Surtout à feu, d’ailleurs.
Euuuh… Se-Lom ! Ton gamin vient de jeter son assiette de bouffe.
« J’arrive, je vais nettoyer, laisse-moi juste le temps de finir d’arroser le pommier ! »
Non mais on s’est mal comprises. Il l’a jetée sans les mains. Juste en la regardant. Maintenant, je dis ça, je dis rien hein.
« Le vert a comme alter-ego un trou. Un trou papa. Un trou. »
« Vas-y, encore une fois pour voir ? »
« Un trou. »
« Ah nan, c’est mieux la troisième fois en fait, au temps pour moi. »
« Bon allez, c’est pas tout, ces affaires de trou, là, tout ça, mais il serait peut-être temps de voir à devenir une ado maintenant ! Une ado équilibrée, tant qu’à faire… »
« L’adolescence est un chemin obstrué, et moi je suis un trou. »
Ouais, bah va pas dire ça aux gens que tu croises, parce que sinon on va avoir une sacrée file de gros pervers devant la maison.
« Et bah tu vois quand tu veux, tes paillettes sont de toutes les couleurs, c’est bon signe ! »
Tu aimes toujours autant le vert, à ce que je vois.
« Le vert est seul. On n’abandonne pas quelqu’un qui est seul. Sinon on est lâche. Es-tu lâche, Hanyo ? »
Euh non, pas que je sache.
Non, je confirme, je suis pas lâche. En revanche, je suis morte de trouille.
« Saluuuut charmant jeune homme ! Tu sais que t’es beau comme un cœur toi ? Ca me donne envie de te croquer ! »
Pitié Jok, laisse-lui la vie sauve, il n’a – encore – rien fait !
« Mais qu’est-ce que tu racontes ? Je vais pas lui faire de mal ! »
Bah je sais pas, tu parles de le croquer, c’était une image ?
« Ah non, pas du tout, en revanche, je vais vraiment le croquer. Le peindre, quoi. »
Non mais aussi, t’es tellement flippante en temps normal, excuse-moi de ne pas toujours voir le bon côté des choses.
« Un jour tu comprendras que ce n’est pas le vert qui est différent, mais que ce sont les autres couleurs qui n’ont su acquérir la vertu du rosier. »
Hein ? Quoi ?
Non mais ouais, et après tu voudrais me faire croire qu’il n’y a rien qui cloche dans ta tête ?
Ah bah bravo hein ! Se-Lom ! T’as toujours ton arrosoir sous la main ? Grouille-toi, on a un souci dans ta chambre !
« Mais ça va pas bien ma pauvre fille ? Où t’as trouvé les allumettes ? Donne-les-moi de suite ! »
Elle n’a pas d’allumettes, Se-Lom.
« Le vert ne s’encombre pas d’artifices artificiellement artificieux, comme les feux d’artifice. »
« SWANN ! Va vérifier la réserve d’alcool, je sens que ta fille approche des 4 grammes dans le sang ! »
Si seulement, je serais un peu plus sécurisée.
« Je te jure, elle nous a à moitié cramé la commode. Alors bon, son père surprotège le petit dernier, histoire qu’il ne vire pas mal comme elle… »
Index de l'histoire
Commenter

Moi qui pensais que l'adolescence serait salutaire pour Jok... C'est perdu !